
La ventilation insuffisante des locaux est la principale responsable de nombreuses pollutions en permettant leur accumulation .
L’air intérieur de nos maisons est bien plus pollué qu’on ne le croit. Pire : il est souvent plus nocif que l’air extérieur, surtout dans les logements bien isolés. Pourquoi ? Parce que toutes les substances chimiques présentes dans les meubles, les produits ménagers, les bougies parfumées ou encore les revêtements de sol s’accumulent lentement… et sans issue si la ventilation est mauvaise.
Et pourtant, les campagnes de pub continuent de vous vanter des parfums d’ambiance « naturels » ou des produits d’entretien « propres ». La réalité, elle, est toxique.
Comprendre les polluants de l’air intérieur
Une maison mal ventilée devient un piège à polluants. Voici les principales sources invisibles mais bien réelles de contamination :
- Les composés organiques volatils (COV) : ils émanent des colles, peintures, vernis, meubles neufs, textiles synthétiques, désodorisants, produits ménagers… et sont fortement soupçonnés d’être cancérigènes. Les pires ? Les parfums d’intérieur, souvent utilisés dans les chambres et les salons.
- Le monoxyde de carbone (CO) : gaz incolore et inodore, il provient de la combustion incomplète du gaz (chauffage, cuisson) ou du tabac. En l’absence de ventilation, il devient mortel en quelques minutes.
- Le radon : ce gaz radioactif naturellement présent dans certaines régions (Massif Central, Bretagne, Vosges) s’infiltre par le sol. C’est la deuxième cause de cancer du poumon en France après le tabac.
- Les oxydes d’azote (NOx) : principalement dégagés lors de la cuisson au gaz, ils provoquent des irritations respiratoires, notamment chez les enfants.
- Les moisissures et acariens : humidité, literie mal entretenue, murs non respirants… Le cocktail parfait pour entretenir des pathologies respiratoires chroniques.
Les fausses bonnes idées : parfums, purificateurs, plantes
Certains croient bien faire avec :
- Les bougies parfumées ou les sprays désodorisants : ils ajoutent des COV à une atmosphère déjà saturée.
- Les plantes dépolluantes : leur effet est marginal, voire inexistant, selon l’ANSES.
- Les purificateurs d’air grand public : peu efficaces, ils brassent surtout le problème sans le régler à la source.
Comment bien ventiler une maison pour respirer un air sain ?
L’aération naturelle (ouvrir les fenêtres) est un bon réflexe… mais insuffisant. Surtout en hiver, quand on rechigne à faire entrer l’air froid, ou en ville, quand la pollution extérieure est déjà élevée.
Investir dans une VMC : le seul vrai levier
La ventilation mécanique contrôlée (VMC) est la solution de fond. Il en existe deux types :
- VMC simple flux : elle extrait l’air vicié des pièces humides (cuisine, salle de bain), mais ne filtre pas l’air entrant. Elle est bon marché, mais peu efficace pour un air vraiment sain.
- VMC double flux : plus chère à l’achat (de 3 000 à 7 000 € installation comprise), elle filtre l’air entrant, récupère les calories de l’air sortant et permet de faire des économies d’énergie. C’est le système recommandé si vous faites construire ou rénovez sérieusement.
À noter : certains modèles permettent aussi un rafraîchissement modéré l’été, sans climatisation.
Entretenir sa VMC : une obligation
Beaucoup de gens installent une VMC… et oublient de l’entretenir. Résultat : elle se bouche, perd en efficacité et peut même devenir un foyer de moisissures. Faites-la contrôler tous les 2 à 3 ans et nettoyez les bouches au moins deux fois par an.
Attention à vos fenêtres : tout ne se vaut pas
Privilégier le bois
Contrairement aux idées reçues, le bois est souvent plus durable et performant que le PVC, à condition qu’il provienne de forêts gérées durablement (labels FSC ou PEFC). Il offre aussi une meilleure régulation naturelle de l’humidité.
Choisir le bon vitrage
- Double vitrage faiblement émissif : c’est le minimum. Il permet de limiter les pertes de chaleur sans bloquer la lumière.
- Vitrage à isolation renforcée (VIR) avec lame d’argon : excellent compromis entre isolation thermique et budget.
- Triple vitrage : à envisager uniquement si l’isolation globale du logement est déjà très performante. Sinon, vous jetez de l’argent par les fenêtres… au sens propre.
Les autres solutions pour un air plus sain
- Désencombrer votre intérieur : moins de meubles, moins de textiles synthétiques, moins de poussière.
- Choisir des produits sans solvants ni parfum pour l’entretien.
- Aérer tous les jours, même 10 minutes, matin et soir.
- Éviter les bougies parfumées, encens et sprays : ils polluent plus qu’ils ne sentent bon.
Ce qu’il faut retenir
L’air intérieur est un ennemi silencieux, trop souvent ignoré. Les sources de pollution sont partout : dans les produits que vous utilisez, dans les matériaux que vous installez, dans les appareils que vous faites fonctionner. La meilleure défense reste une bonne ventilation, adaptée à votre logement, bien pensée… et bien entretenue.
Les systèmes VMC double flux sont un investissement rentable pour la santé et la facture énergétique. Le reste, c’est souvent du marketing ou de la poudre aux yeux. Et dans le domaine de la qualité de l’air, mieux vaut être pragmatique que crédule.