Le paysage des aides à la rénovation énergétique en France continue de se complexifier, et l’annonce récente concernant MaPrimeRénov’ n’échappe pas à cette tendance. À partir de 2025, le dispositif évoluera encore, promettant un allègement du reste à charge pour les ménages entreprenant des travaux d’économies d’énergie. Mais comme souvent, le diable est dans les détails.
Le décret n°2024-819, discrètement publié en plein été le 15 juillet, modifie les taux d’écrêtement, c’est-à-dire la part maximale des aides cumulées que les ménages peuvent recevoir pour leurs travaux. Actuellement, ces taux varient entre 40 % et 100 %, selon les revenus des foyers. Désormais, les plus aisés verront leur taux passer de 40 % à 50 %, tandis que ceux ayant des revenus intermédiaires bénéficieront d’une augmentation de 60 % à 80 %. Pour les familles aux revenus modestes, un futur décret pourrait porter ce taux à 90 %. Quant aux ménages les plus précaires, ils pourront déjà prétendre à un financement intégral de leurs travaux.
Cependant, ces nouvelles dispositions de MaPrimeRenov’ ne seront effectives qu’à partir du 1er janvier 2025. En théorie, ce délai vise à permettre la clôture des dossiers en cours et à préparer la mise en œuvre des nouveaux seuils. Mais en réalité, cela risque fort de freiner les ardeurs de ceux qui prévoyaient des travaux de rénovation dès maintenant, d’autant que le début de l’année 2024 a déjà été marqué par une dynamique en demi-teinte. Selon les chiffres de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), seulement un quart des quatre milliards d’euros budgétés ont été alloués au premier semestre, une conséquence directe de la complexité administrative accrue du dispositif.
Pour ceux qui envisageaient de bénéficier de MaPrimeRénov’ dans les mois à venir, la stratégie est claire : mieux vaut attendre 2025 pour maximiser les aides. Toutefois, cette perspective plus favorable risque de s’accompagner d’une recrudescence des fraudes, un fléau déjà bien connu dans le secteur de la rénovation énergétique. En 2022, la DGCCRF avait reçu plus de 20 000 plaintes relatives à des escroqueries dans ce domaine, et ce chiffre a grimpé à 34 605 en 2023. Les dispositifs antérieurs, comme l’isolation à un euro, avaient déjà ouvert la porte à des surfacturations et autres pratiques frauduleuses. L’augmentation des aides, tout en réduisant le reste à charge, pourrait bien créer un terreau fertile pour de nouvelles arnaques, avec des entreprises malhonnêtes qui surfacturent les travaux pour permettre aux particuliers de percevoir des subventions gonflées.
En somme, si l’idée de rendre MaPrimeRénov’ plus accessible semble louable, elle pourrait bien se retourner contre les consommateurs, piégés par une complexité administrative et des fraudes toujours plus nombreuses. Avant de vous lancer dans des travaux de rénovation énergétique, il est plus que jamais essentiel de vous entourer de professionnels de confiance et de rester vigilant face aux démarchages douteux.